« Précarités des femmes » : une soirée-débat pour l’impactant rapport du Secours Catholique

La situation des plus pauvres et plus particulièrement celle des femmes vivant dans la pauvreté est un révélateur de la santé d’une société. Davantage exposées à la pauvreté en raison des inégalités de salaire et de répartitions des charges de la famille, elles sont plus nombreuses à pousser la porte du Secours Catholique. La synthèse de son dernier rapport sur l'état de la pauvreté en France a été présentée le 16 novembre à l'occasion de sa sortie officielle.

70 personnes étaient réunies à la Maison de Quartier de Villejean devant Armand Chateaugiron (président du Secours Catholique d'Ille-et-Vilaine), Anne de Bohan et Véronique Aulnette (déléguée d’Ille-et-Vilaine) pour la présentation de ce rapport au public et à la presse.

Elles étaient 57,5% en 2022 contre 51% en 1989 au niveau national. Des chiffres identiques en Ille-et-Vilaine. C’est le constat sans appel qui ressort du rapport statistique « Etat de la pauvreté 2023 ». 

La fréquentation de l’accueil de jour a doublé nous dit Véronique Aulnette. « 9000 personnes ont été rencontrées dans le département où la proportion de femmes était proche des chiffres nationaux. Parmi elles, 26% étaient des mères isolées, 20% des femmes seules ». 

Les témoignages forts de Régine Komokoli-Nakoafio (Conseillère départementale déléguée à la protection maternelle et infantile), d’Élodie (maman habitant Villejean), de Charles Piolet (responsable de service au Pôle Précarité Insertion - SEA 35) ont illustré au-delà des chiffres le quotidien de ces femmes.

« ÉCOUTER LEURS PAROLES »

Régine Komokoli-Nakoafio a souligné la difficulté de la société à imaginer la réalité de l’exclusion et de ce qu’elle implique : les violences, les abus dont elles sont victimes en raison de leur précarité. Elle appelle à écouter leur parole pour ne pas juger sans savoir. Pour Régine Komokoli-Nakoafio, le soutien aux parents est important pour que les enfants non seulement aient la possibilité d’aller à l’école dans de bonnes conditions mais puissent aussi continuer à rêver.

« OFFRIR UN ESPACE DE PROTECTION AUX FAMILLES »

Charles Piolet a présenté l’association Heol qui propose un accueil de jour, un peu de calme et de sécurité aux personnes en grande précarité. Heol a accueilli 750 personnes pendant les 12 derniers mois. 448 étaient des femmes, dont 80% sans droits, 200 étaient des enfants. "Sans droits" signifie souvent sans logement avec peu de solutions offertes à ces publics, ce qui entraîne des allers-retours en tentes avec toutes les pathologies associées à cette précarité. "Sans droits" c’est aussi une difficulté d’accès aux soins. Au moment où l’Aide médicale d'État (AME) est remise en question, Charles Piolet plaide pour un espace de protection pour ces familles et plus encore pour ces enfants. Un tiers des 200 enfants reçus avaient entre 0 et 3 ans.

« DÉVELOPPER DES TRÉSORS D’INVENTIVITÉ »

Élodie, maman de 4 enfants - dont deux porteurs de handicaps -, a témoigné de son parcours personnel pour que le public puisse « se mettre dans ses chaussures » et imaginer un quotidien où, avec son conjoint, elle doit développer des trésors d’inventivité pour faire face à l’inflation. Malgré le « fait maison, malgré les économies sur tous les poste de dépenses et les reports d’achats, chaque mois se termine dans le rouge", nous dit-elle. Élodie témoigne de l’importance de pouvoir prendre des vacances en famille ce que lui a permis le Secours Catholique l’été dernier pour la première fois depuis cinq ans, et de la solidarité.

A l’issue de la table-ronde, le public a posé des questions aux témoins et aux orateurs du Secours Catholique, la discussion s’est poursuivie en toute convivialité autour d’un verre. Ces échanges et témoignages sont à retrouver en bas de l'article. 

Myriam Jolivet, metteuse en scène et comédienne, a marqué le déroulement de cette manifestation. D'abord par la lecture d’un poème qu’elle a écrit à lire ici ou à écouter en bas de l'article. Myriam est ensuite intervenue pendant la table-ronde, rappelant l'importance de la solidarité, de la sororité, prenant pour exemple tous ces collectifs de femmes, de mères qui se rassemblent, s'organisent entre elles pour garder leurs enfants, s'aménager du temps, partager leurs quotidiens. 

Enfin, ce fût l'heure de la pièce de théâtre intitulée "Résist-Tente" qu’elle a écrite, mise en scène et qu'elle interprète seule sur scène pendant une heure.

Myriam aime à se décrire elle-même comme "éducatrice par choix, SDF par accident et actrice pour témoigner". Témoigner c’est ce que lui permet son parcours atypique et elle le fait avec un grand talent et beaucoup de sensibilité. La pièce met en scène, avec humour et sensibilité, différentes saynètes : journaliste avide de sujets d'actualités, femme faisant la manche, couples vivant à la rue, bénévole maladroit, travailleurs sociaux pas très sociaux... autant de portraits de personnes et de propos que Myriam a croisés dans son parcours et qu'elle croque avec générosité, alternant gravité et légèreté.     

Après la pièce, Myriam s'est finalement assise sur scène, pour un temps d'échange avec le public.  

L’équipe organisatrice tient à remercier :

• les témoins qui ont accepté de parler de leur expérience.
• Myriam, pour son implication et sa générosité.  
• la Maison de Quartier de Villejean pour son accueil et Fabrice son régisseur pour son professionnalisme et sa disponibilité
• les bénévoles du Secours Catholique de l'équipe de Villejean, de Rennes-Centre, de Maurepas, de Vitré, de Saint-Aubin-d'Aubigné, de Dol-de-Bretagne, d'Ille-et-Rance, de Cesson...  l'équipe communication, ainsi que des membres du bureau et des salariés du Secours Catholique présents dans l’auditoire.

Le rapport dans son intégralité est à retrouver ici.

Vous pouvez également réécouter les témoignages des différents intervenants ci-dessous :