Immersion dans un cours de français langue étrangère au Secours Catholique de Rennes
Plonger un après-midi dans les cours de français, c’est un peu plonger dans la Cour des miracles. Il y a là Rasnick l’Arménien, Dahhar l’Irakien, Elsa et Flora les Albanaises, Thrace l’Érythréenne, Alex le Géorgien, Mickaël le Nigérian et d’autres encore… Toutes et tous n’ont qu’un seul désir : apprendre suffisamment le français pour pouvoir communiquer et s’exprimer, en particulier dans leurs démarches administratives parfois très lourdes compte-tenu de leur statut (demandeurs d’asile, déboutés…)
Des profils divers et des effectifs variables
Élisabeth a la charge de coordonner sept bénévoles pour des cours de français langue étrangère (FLE) dispensés dans de petits groupes variant de une à quatre personnes, en fonction du niveau des apprenants et en fonction des absences. Les cours de français concernent une quinzaine de personnes, mais dans la réalité, le nombre est très variable pour diverses raisons. Ce peut être le ramadan qui motive des absences, ou untel qui est parti au CLPS (Centre de Formation pour adulte en Bretagne), ou qui a trouvé un travail… Il y a ceux qui sont demandeurs d’asile, ceux qui sont déboutés, ceux qui vivent d’autres situations…. Malgré la création d’un groupe What'sApp pour faire part de son absence ou de son retard, celui-ci est peu utilisé si bien que, face au manque de ponctualité, les apprenants doivent être souples dans leurs cours.
Marie-Carmen et Nadine font partie de ces bénévoles arrivées depuis peu au Secours Catholique. Curieusement, toutes les deux sont issues du milieu de l’assurance. Toutes les deux ont été très tôt intéressées par la formation, que ce soit au niveau professionnel (formation des nouveaux arrivants, formation interne) ou extra-professionnel (aide aux devoirs). Les bénévoles font preuve de beaucoup d’enthousiasme dans leur bénévolat.
Apprendre le français, indispensable mais pas si simple !
Apprendre le français n’est pas toujours simple tant la situation des apprenants est variable : cela peut aller de l’analphabète francophone au diplômé anglophone. La langue maternelle et l’alphabet qui va avec peuvent être sources de difficultés. L’alphabet géorgien ou tibétain n’a rien à voir avec l’alphabet latin que chacun devra déchiffrer pour venir au bout des méandres administratifs.
C’est l’une des raisons pour laquelle l’apprentissage est surtout visuel en prenant comme exemple des situations de la vie de tous les jours : quels sont les mots pour demander un médicament à la pharmacie, comment se renseigner à la gare sur les horaires de trains. À chaque fois, il faut trouver des cas concrets. Par exemple, comment faire sentir la différence entre « Je dois » et « il faut ». Les réponses viennent des apprenants : « Je dois avoir mes papiers » et « Il faut manger tous les jours » et avec cette dernière expression, on enchaîne sur les noms des fruits et légumes… La bénévole explique, fait parler et écrit les mots pour qu’ils soient bien visualisés (il est important d’entendre le son et de voir le graphisme correspondant). L’apprentissage du français passe aussi par des jeux de rôle et par des moments plus ludiques (dominos, lotos, jeu de cartes, jeu de l’oie…).
des bénévoles Ni pros ni profs mais forméS
Aucun bénévole ne part en cours sans avoir suivi un minimum de formation : connaître la structure du Secours Catholique, connaître les rudiments du métier de « prof » (comment bâtir un cours et utiliser les outils à disposition : magnétophone, CD, livres avec méthode, podcasts…), connaître les conditions de vie des apprenants (les demandeurs d’asile, les déboutés, le monde des primo-arrivants…). Pour un nouveau bénévole, les premiers cours se font en binôme.
Visiblement, donner des cours de français dans un tel contexte enthousiasme les bénévoles, d’autant que pendant les cours, il n’y a aucun problème de discipline ou de violence.
Le vocabulaire, c'est important ! Les précisions d'Élisabeth
Nous ne disons pas « cours de français » mais, comme nous ne sommes pas des professionnels, nous disons « atelier ». Nous ne nous appelons pas « professeurs » mais « bénévoles ». Les gens qui viennent au cours ne sont pas des enfants et nous ne les appelons pas « élèves » mais « apprenants ».
Le témoignage d'Élisabeth
Élisabeth, quelle richesse tires-tu de ton bénévolat ?
Les ateliers de français offrent deux formules : les ateliers "Apprentissage du français" et les ateliers "Conversation".
Les ateliers "Apprentissage" sont accessibles sur inscription début septembre, il arrive que quelques places se libèrent en janvier. Ces ateliers ont lieu le mardi de 14h15 à 16h et le jeudi de 14h15 à 16h.
Les ateliers de conversation sont destinés aux personnes qui parlent déjà un peu le français. Elles peuvent y assister sans inscription dans la limite des places disponibles. Ils ont lieu le lundi de 10h à 11h30 et le vendredi de 10h à 11h30.
