Visuel bannière
Commune
35000 RENNES
Contenu national
Thème
Lien social

Un soir avec les maraudes sur Secours Catholique !

Paragraphes de contenu
Ancre
0
Texte

Dans la rue Saint-Georges, tous les lundis et mercredis de 19 heures à 21 heures, une petite équipe de bénévoles du Secours Catholique se retrouvent dans le local de la paroisse Saint Germain pour se préparer à arpenter les rues de Rennes à la recherche de quiconque aurait envie d’une soupe chaude ou d’une oreille attentive.

Les maraudes servent avant tout à maintenir des liens sociaux avec les personnes les plus démunies. Être sans-abri, c’est devoir faire face à la solitude et à la perte de contact avec la société, jusqu’à en perdre les codes les plus ordinaires. Maintenir un lien avec les SDF est très important, cela permet de réduire ces effets d'exclusion sociale.

Une fois les sacs chargés de quoi réchauffer les sans-abris, les jeunes se scindent en plusieurs groupes pour sillonner l’hyper-centre de Rennes et aller vers les personnes à la rue. Plusieurs parcours selon le nombre de maraudeurs présents : un groupe vers le nord, un autre vers le sud….

Ancre
0
Texte

Dans la rue, nous croisons tous types de personnes, des jeunes comme des plus vieux/âgées, des hommes et parfois des femmes que les maraudeurs aiguillent du mieux qu’ils peuvent. 


Ce soir, nous tombons sur Fred, un sans abris de Rennes faisant la manche avec une gamelle qu’il espère remplir. Après 5 minutes de discussions, il se fait insulter par un passant qui lui suggère d’aller travailler, que “le travail court les rues”. Alors Fred, qui ne semble pas affecté par ces propos, se met à nous raconter sa vie, les petits boulots qu’il a pu avoir :

"Je suis diplômé dans plusieurs domaines de la cuisine, j’ai de quoi travailler, et je suis doué. Mais personne ne souhaite avoir un SDF dans la cuisine de son restaurant…“

Plus tard dans la soirée, nous croisons Marcel, quinquagénaire venu de Nantes. Il nous explique avec un grand sourire qu’arriver à Rennes a été un soulagement pour lui. La ville brétilienne est plus calme, il nous confie également que sa demande d'hébergement d’urgence et ses démarches administratives avancent bien. Marcel récupère auprès des maraudeurs des informations sur la bagagerie disponible au Secours Catholique ainsi que sur les différentes associations qui pourraient l’aider dans ses différentes démarches. 

Près de la gare nous avons pu rencontrer des habitués de la rue qui nous parlent du changement qu’ils ont pu percevoir :

“Ça devient n’importe quoi, on est pas en sécurité, tu pars 2 minutes et on te vole tes affaires !” 

Ancre
0
Texte

Autant de rencontres qui témoignent de la diversité des regards des personnes sur des conditions de vie précaire. Tandis que la maraude du jour s’achève, Mathilde, bénévole qui a rejoint les maraudes du Secours Catholique en 2019, nous fait part de ses impressions : “On en parlait récemment avec les autres bénévoles, on ne remarque pas vraiment s'il y a plus ou moins de personnes, mais c’est vrai qu’on à moins de régularité dans nos rencontres, on a des nouveaux profils à chaque maraude, on ne sait jamais sur qui on va tomber !”

Un point de vue différent pour les “maraudes fixes” d’autres associations rencontrées pendant une réunion de Inter-Maraudes organisé par Solidaren, qui observent quant à elles une augmentation du nombre de personnes à la rue : “Avant on partait avec un chariot pleins et on revenait avec quelques restes, maintenant on le remplit à fond et il revient vide !” comme l'évoque François, qui travaille à la Croix Rouge. Cette augmentation massive du nombre de sans-abris qui créerait des tensions et une augmentation des scènes de violences. 

En février 2019, lors de la nuit de solidarité, on dénombrait un peu plus de 1 000 SDF à Rennes. Le chiffre aurait plus que doublé depuis. Alors que le nombre de personnes sans-abri n’a jamais été aussi élevé en France, que la production de logements sociaux est au plus bas depuis 15 ans et que le 115 est déjà saturé, on dénombrait 3,1 millions de logements vacants en France en 2021. 

A cela s’ajoute une nouvelle crainte, la loi Kasbarian-Bergé, dite “Loi anti-squat” adoptée en deuxième lecture à l'Assemblée nationale début avril. Une loi qui pourrait criminaliser avant tout les plus précaire et les victimes de la crise du logement. Ninon Overhoff, responsable du département de la rue au logement au Secours Catholique parle “d'une industrialisation de l’expulsion locative et d’une loi qui s'apparenterait à une véritable bombe sociale.” 

 

A lire également sur le site du Secours Catholique : Proposition de loi anti-squats : « Appliquer ce texte à la lettre pourrait doubler le nombre de personnes sans domicile »

Auteur et crédits

Un article écrit par Lana Le Meur, bénévole de l'équipe Communication